L’équivalence des normes, une opportunité pour accélérer la montée en capacité de résilience du bâti ultramarin – le cas des menuiseries extérieures

La question des dégâts causés aux menuiseries extérieures par les objets en suspension dans les vents extrêmes est aujourd’hui insuffisamment traitée par le référentiel technique NF DTU 36.5. Dans le bassin Atlantique, il existe cependant les normes américaines, ASTM E 1886 et E 1996 relatives à la performance des menuiseries extérieures, des murs-rideaux et des volets de protection impactés par les débris en suspension dans les vents cycloniques et soumis à des cycles de pressions différentielles. Ces normes ont depuis longtemps prouvé leur efficacité pour protéger le bâti des territoires soumis au risque cyclonique.

 

Essai ASTM sur les menuiseries

Les dégâts consécutifs à ces chocs de débris en suspension dans les vents extrêmes sont bien connus, ils créent des points d’entrée pour le vent qui vient alors modifier la pression à l’intérieur des constructions, provoquant ainsi des destructions massives par effet d’arrachement et augmentation des pressions dynamiques. Les débris concernés peuvent être très divers, graviers de protection des étanchéité, tuiles, bois de charpente, tôles, compresseurs de climatisation, panneaux photovoltaïques, chauffe-eaux solaires, antennes…Beaucoup de choses volent à très grande vitesse dans les cyclones.

Ce sont les destructions massives causées par le cyclone Tracy en décembre 1974 dans le nord de l’Australie et du cyclone Alicia d’août 1983 à Houston au Texas qui précipitent le développement des normes américaines pour gérer la question des débris en suspension. Il y a eu beaucoup d’opposition au début, de la part de certains industriels, mais surtout des promoteurs et des constructeurs en raison de l’augmentation des coûts de construction. Néanmoins, dès 1990, des réponses normatives émergent pour finalement s’imposer face à l’explosion des coûts des dégâts au bâti.

Les clés de la réussite de cette évolution sont résumées en 7 points. Pour cela, il faut :

1) De solides RETEX qui analysent sur le fond les causes des catastrophes chaque fois qu’elles se produisent,

2) Des ingénieurs passionnés, motivés à faire progresser la résilience du bâti,

3) Des industriels qui voient un intérêt économique à améliorer leurs produits pour répondre à des problématiques émergentes, en puisant parfois des solutions techniques déjà éprouvées ailleurs,

4) Un cadre légal et réglementaire qui permet l’expérimentation en libérant l’innovation et qui favorise le développement de standards par les individus les plus concernés et les plus motivés à trouver des solutions à leurs problèmes,

5) Des assureurs et des banquiers qui deviennent de véritables prescripteurs de la norme,

6) Des citoyens responsabilisés qui ne comptent plus seulement sur l’aide publique post catastrophe mais qui deviennent conscients du risque et qui acceptent de s’investir et d’investir dans la résilience,

7) Des dirigeants politiques qui acceptent de voir au-delà de leur mandat électif pour engager irrémédiablement les territoires dans des stratégies de résilience de long terme.

Voilà quelques ingrédients à travailler dans chaque territoire pour que chaque événement cyclonique majeur ne se transforme pas systématiquement en catastrophe pour le bâti et ses occupants.

Le projet d’adaptation des normes de construction BatiSolid Antilles explore aussi les prescriptions contenues dans certains référentiels techniques étrangers. Cette approche a deux vertus, intégrer dans le corpus normatif antillais les idées les plus pertinentes développées ailleurs et préparer des opportunités commerciales pour les fournisseurs antillais de biens industriels et de services dans leur bassin géographique.